Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/150

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dit quatre cent mille francs, beau-père. Est-ce qu’aujourd’hui vous reviendriez sur votre parole ?

M. Dax se fâcha.

— Je ne reviens jamais sur ma parole, sachez-le, Barrier, et tenez-vous-le pour dit ! J’ai déclaré que je donnerais quatre cent mille francs, et je donne quatre cent mille francs. Je ne supposais pas qu’un médecin lyonnais fût assez ignorant des usages du commerce pour croire qu’un négociant, mariant sa fille, accepterait de se démunir, sans profit pour personne, d’une somme précieuse pour ses affaires et qui ne peut pas être placée plus avantageusement que chez lui.

M. Barrier écoutait, bouche ouverte :

— En sorte que le lendemain du mariage, je me trouverais être votre associé, que cela me plaise ou non ? Vous ne m’avez pas regardé, beau-père. Je suis médecin, je ne suis pas commerçant, et je prétends ne pas faire de commerce. Vous me la fichez belle, avec vos paiements par trimestres ! Faites-moi donc un peu l’amitié de me dire quel recours j’aurai contre vous, quand la fantaisie vous viendra d’oublier une échéance ?

Sur les joues maigres de M. Dax, une rougeur de colère monta.

— Monsieur Barrier, – déclara-t-il violemment, – la fantaisie ne m’est jamais encore venue de ne pas payer ce que je dois. Cela étant, je n’admets pas que l’on m’insulte chez moi, et vous êtes le premier qui l’osiez !…

M. Barrier, brutal, haussa les épaules.