Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/152

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riche, – je ne suis pas un homme d’argent ! – mais parce que votre réputation personnelle d’honnête homme absolument net m’assurait contre tout risque de chicanerie ou de mauvaise foi. Je le croyais, du moins… Il est parfaitement exact qu’un médecin n’a pas besoin pour s’établir de quatre cent mille francs de capital, à moins qu’il n’ait des dettes, ce qui n’est pas mon cas, je m’en vante. Mais il a besoin, s’il est un homme de tête, et non une dupe, d’avoir en caisse des Consolidés ou des Suez, plutôt qu’une reconnaissance de commandite, cette reconnaissance fût-elle signée Dax et Cie.

Froissé au plus sensible de son épiderme, M. Dax se leva :

— M. Barrier, – déclara-t-il avec raideur, – ma maison n’a certes pas la prétention d’être plus solide que la Banque de France. Telle qu’elle est cependant, bien des gendres s’estimeraient contents d’y entrer. J’ai cru que telle était votre ambition, quand vous m’avez demandé ma fille. Je n’ai pas calculé, moi, la valeur financière du mariage que vous m’apportiez, et je n’ai pas attendu d’autres offres, plus avantageuses peut-être que la vôtre, pour faire mon choix. Cela étant, le monde jugera, s’il vous plaît de rompre, lequel de nous deux est un homme d’argent.

Une fois de plus, M. Barrier haussa les épaules :

— Rompre !… Il n’est pas question de rompre… pour le moment du moins. Vous n’y trouveriez guère votre profit, d’ailleurs, monsieur Dax. Un mariage manqué, c’est toujours embêtant pour une jeune fille.