Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Et puis zut ! – avait tranché Fougères, tout à coup ; – je vais être très incorrect, mais cela m’exaspère de mentir à vous… et d’ailleurs je finirais par m’embrouiller… Oui, vous avez deviné : Carmen et moi… voilà !… que voulez-vous, c’était fatal !… Et nous allons passer notre lune de miel là-bas…

— Un mariage ? – avait murmuré mademoiselle Dax, essayant de sourire.

— Mais non ! voyons !… Est-ce qu’une Carmen de Retz se marie ?… Un caprice, et voilà tout… Un peu de mer bleue, un peu de trente et quarante, un baiser par-ci par-là… J’y pense ! je vous enverrai des cartes postales… en cachette de Carmen, bien entendu…

Cette fois, un peu de sang rose était remonté aux joues de mademoiselle Dax.

— Vous savez que m’man lit toutes mes lettres…

— Mais vous ne savez pas à quel point je sais être convenable, quand j’écris aux jeunes filles !… En outre, il y a la poste restante…

— Oh !

— Une petite enveloppe adressée discrètement à mademoiselle XYZ…

— Voulez-vous bien vous taire !…

Il s’était tu. Il avait ri. Puis, soudain grave :

— Adieu maintenant, petite fille !…

Et il avait bizarrement regardé la tempe gauche de mademoiselle Dax, la tempe qu’il avait naguère effleurée de ses lèvres… il avait regardé jusqu’à ce que mademoiselle Dax fût devenue pourpre.