Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/158

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— Alice ! – cria madame Dax à travers la porte, – es-tu prête ? Il est l’heure d’aller chercher Bernard au lycée…

Sans bruit, mademoiselle Dax referma son album. Déjà la porte s’ouvrait, brutalisée.

— Si tu répondais, quand ta mère te parle ?

Madame Dax souffla, en arrêt devant la réplique attendue. Mais mademoiselle Dax ne répliqua pas. Silencieuse, elle épinglait son chapeau devant l’armoire à glace. Madame Dax, secrètement déçue, grogna :

— Tu es toujours fagotée, c’est un plaisir…

Depuis le retour de Saint-Cergues, mademoiselle Dax se risquait timidement à mettre quelque fantaisie dans ses toilettes, jadis discrètes à l’excès. Pour dire le vrai, ces tentatives n’obtenaient pas toujours des résultats très artistiques. Madame Dax d’ailleurs était peu propre à les apprécier avec goût. Mais elle en critiquait l’intention.

— Il est bien, ton chapeau !… La modiste avait mis les violettes dessus tout bêtement… mais toi qui t’y connais, tu les as défaites pour les bourrer par dessous, en relevant le bord. Comme ça, c’est joli… n’est-ce pas ? et ça te fait une tête de travers.

Un peu nerveuse, mademoiselle Dax opéra une diversion imprévue :

— Est-ce que M. Barrier viendra dîner, ce soir ?

Madame Dax, interloquée, hésita :

— S’il viendra ?… Eh ! je n’en sais rien… Il le dira à ton père, comme d’habitude.