Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/169

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vermeils et délicieux ; mais ouvrez-les : un ver dégoûtant les ronge.

Il s’arrêta, et regarda profondément sa pénitente :

— Vous avez vu ! mais vous avez mal vu ! Satan vous a aveuglée. Et vous éblouissant des voluptés mensongères qu’il offre toujours à ses créatures, il vous a caché la vraie volupté d’obéir à Dieu. Dieu vous commande, ma fille, d’être une honnête épouse, humble et attentive, sans orgueil et sans vaines rêveries. Obéissez et vous serez heureuse, heureuse dès cette terre, parce que le devoir accompli porte en lui-même sa récompense…

Il disait des choses dépourvues d’originalité, mais il les disait avec beaucoup de force ; et mademoiselle Dax, ébranlée par cette voix qui avait régi toute son adolescence, commençait à perdre de sa propre volonté.

— Le bonheur ici-bas, vous le trouverez dans la paix de votre foyer, dans la dignité de votre vie, dans le respect dont chacun vous entourera. Croyez-vous que ce n’est rien d’être une honnête femme et de sentir autour de soi non seulement la prédilection de Dieu mais la vénération des hommes ? Votre mari tout le premier, fier de votre vertu, vous traitera avec honneur et prendra conseil de votre sagesse. Vos enfants égaieront votre maison, et vous goûterez la joie d’être plus douce et plus patiente pour eux que vos parents ne l’ont été pour vous-même. Enfin, la vieillesse viendra, et vous la recevrez de bon cœur, car dans votre vie chrétienne et pure, elle n’apportera point de trop