Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/174

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sa première opinion, se jeta dans le parti contraire :

— Bonté divine ! Ils peuvent bien faire un tour de jardin ensemble, ces enfants ! Dirait-on pas que c’est péché ?

M. Dax, agacé, claqua de la langue. Mais sans doute réfléchit-il qu’il convenait de se contenir, en ce jour d’apaisement et de concorde. Il se borna donc à déclarer d’un ton sec :

— Ce n’est pas péché, et ce ne sera pas même inconvenance, si Bernard accompagne sa sœur.

— Bernard ? – riposta madame Dax ironique ; – Bernard, coiffé comme le voilà, d’une casquette sans bavolet ?… Vous voulez qu’il aille attraper une insolation ?

Le docteur Barrier se hâta de prévenir la querelle imminente :

— Allons ! allons ! beau-père ! ne faites pas le méchant ! Puisque mademoiselle Alice en a envie, pourquoi lui refuser ce petit plaisir ?… ici, – chez nous !

Et prompt, il passa sous le sien le bras de la jeune fille.


Ils marchèrent sans parler. La pelouse les enveloppait de son odeur sèche et chaude. Sous leurs pas, des papillons blancs, tachetés d’or, s’envolaient.

L’allée, bordée d’un buis taillé court, cheminait en zigzag de bas en haut de la pente, puis pénétrait entre les arbres sous une voûte de branches mêlées. Les tilleuls élargissaient leurs ramures en nappe épaisse, tandis que les peupliers plus haut chantaient de toutes