Mademoiselle Dax osa interrompre :
— Je n’ai rien promis…
— J’ai promis, moi ! J’ai promis, et je t’ai consultée avant de promettre. Quoi ? Est-ce qu’on te marie de force ? Avais-tu dit oui, ou non ?
— J’avais dit oui, mais…
— Mais tu dis non, à présent ? Un peu tard ! Tu avais dit oui, ce sera oui.
D’un geste sec, il raccrocha la lampe, marquant ainsi que la discussion était close, et l’audience terminée. Mais comme il étendait le bras vers le bouton de la porte, il s’arrêta, stupéfait : mademoiselle Dax, toujours immobile, secouait nettement la tête de gauche à droite et de droite à gauche.
— Hein ? – fit M. Dax. – tu ne m’as pas entendu ?
— Je n’épouserai pas M. Barrier.
Cela fut dit très doucement, mais d’un ton si ferme que M. Dax, déconcerté, resta coi. Et madame Dax, qui piétinait d’impatience, se jeta dans la bataille :
— Elle n’épousera pas !… A-t-on jamais vu !… une gamine de vingt ans, qui « n’épousera pas ! » et qui régente père et mère !…
M. Dax, cependant, avait réfléchi. Peut-être commençait-il d’estimer cette énergie inattendue qui lui tenait tête. Peut-être aussi sentait-il au plus profond de lui-même, son instinct paternel s’éveiller confusément : certes, elle était comme lui de bon sang cévenol, cette enfant jusqu’alors silencieuse, et qui tout à coup se révélait volontaire et opiniâtre ! M. Dax, moins rudement, interrogea :