Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/189

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à mon indépendance… Et aussi, détail infiniment prosaïque : je tiens à payer mes notes d’hôtel…

— Voyons !…

— Oui, mon cher ! et c’est à prendre ou à laisser : nous ferons bourse à part toujours et partout ! Je ne suis pas riche : c’est une raison pour que je ne puisse, sans déchoir, rien accepter de personne. Vous n’êtes pas plus riche que moi, d’ailleurs…

— Justement ! Et c’est une raison pour que, moi aussi…

— Non ! Fougères, mon ami, comprenez-moi une fois pour toutes, et ne me traitez ni en petite grue, ni en femme du monde ! Je suis votre maîtresse parce que je l’ai voulu. Et j’entends rester tout de même votre égale. Le fait d’échanger avec vous, à certaines heures, quelques gestes agréables pour tous deux, ne doit point modifier par ailleurs nos relations d’individus libres. Je vous plais, vous me plaisez, nous nous le prouvons. Je ne vous permets pas pour cela de m’offrir de l’argent, pas plus que je ne vous permets de me demander en mariage.

— Quel rapport ?

— Le rapport d’une location à une vente. Je refuse l’une comme l’autre. Carmen de Retz est trop bonne féministe pour ne pas demeurer propriétaire de sa propre personne…

— Le jour que vous serez amoureuse, gare !

— Vous êtes ingrat, mon cher !… Amoureuse ! il me semble que je le suis… plusieurs fois par nuit, même !… vous ne trouvez pas ?…