Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/219

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Depuis qu’elle accompagnait sa fille, pas à pas, partout, madame Dax avait appris à connaître les prédilections de son fils, et n’était pas sans s’en irriter un peu.

— Dépêchons-nous donc, lambine ! ou nous le trouverons encore en train de regarder des choses pas convenables !

Mademoiselle Dax haussa les épaules. Ça lui était bien égal, les choses, convenables ou non, que Bernard pouvait regarder. Elle marchait d’ailleurs plus vite que sa mère, et la dépassait à chaque instant.

Rue de la République, Bernard, en effet, s’était arrêté devant un kiosque, au coin de la rue du Bât-d’Argent. En quelques mots, d’ailleurs mesurés, madame Dax exprima son mécontentement. Le gamin, prudent, baissa le nez. Et tous trois reprirent le chemin de la maison.

Place de la Comédie, Bernard, qui marchait devant, fit :

— Ah !… et s’arrêta bouche bée.

— Quoi donc ? – demanda madame Dax.

— Ce monsieur !…

— Quel monsieur ?

— Là, sur les marches du théâtre !…

— Tiens ! – fit madame Dax. – C’est vrai. C’est le bonhomme de Saint-Cergues… cet original qui avait l’air d’un hurluberlu…

… « Saint-Cergues ?… » Mademoiselle Dax leva brusquement les yeux et, saisie, bouleversée, effarée, reconnut Bertrand Fougères.