Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/224

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une même mélancolie uniforme et grandiose.

— Cristi ! – murmura Fougères, saisi par la majesté du lieu, – je ne suis pas à Lyon, je suis à Rome !

Respectueusement, il évita de fouler le milieu de la place, et en fit le tour, en gardant les allées latérales. Un fiacre passait, il l’arrêta.

— Parc de la Tête d’Or !

Le fiacre partit cahin-caha, quitta Bellecour, tourna à main gauche…

— Arrêtez !…

C’était au coin de la rue de l’Hôtel-de-Ville. D’un bond, Fougères sauta de la voiture, courut vers une vitrine de magasin… Une jeune femme était là, debout, qui regardait des fourrures en étalage. Au cri de Fougères, elle se retourna soudain :

— Patatras !

C’était Carmen de Retz.

Face à face, ils se considérèrent dix secondes. Elle finit par éclater de rire.

— Oui, patatras !… Lyon est petit !…

— Mais pour Dieu ! qu’est-ce que vous faites ici ?

— Mon cher, je suis venue vous voir faire votre cour !

Il la regardait, très ahuri, content et méfiant tout ensemble.

Elle le trouvait si drôle qu’elle ne reprenait plus son sérieux :

— Fougères, je vous en supplie ! N’ayez pas peur de moi ! Je vous promets de ne pas vous manger ! C’est vrai, vrai tout à fait, ce que je viens de vous dire : je