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III


Bertrand Fougères, debout devant son miroir, changea de cravate, refit au petit fer le pli de sa moustache, et, avant de se ganter, retoucha ses ongles au polissoir.

Prêt à sortir, il sonna.

— Point de lettre ?

— Non, monsieur.

— C’est bien. Je ne dînerai pas à l’hôtel. Mais vous me ferez monter un en-cas pour cette nuit… oui, un peu de viande froide et de l’eau d’Évian…

— Comme hier, monsieur ?

— Comme hier.

Il descendit l’escalier. Dehors, la place Bellecour étalait sa magnificence. Fougères traversa la chaussée extérieure et gagna le bas-côté du sud, planté de marronniers en quinconces. Les feuilles mortes, nombreuses, pareilles à de grands éventails couleur de rouille, jonchaient le gazon des parterres et flottaient sur l’eau des bassins. Au delà, l’immense quadrilatère nu isolait à son centre le Roy équestre qu’a sculpté Lemot. Le ciel nuageux couvrait le sol d’une lumière froide et blanche, réfléchie obliquement vers les palais de l’est et de l’ouest. Et le ciel, et le sol, et les palais, et les jardins, et le Cavalier de bronze, dégageaient