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IV


Il faisait déjà brun. Les grands arbres du parc entrelaçaient leurs ramures encore feuillues, et cela faisait un écran vert qui doublait l’écran gris des nuages. Le soleil, près de disparaître derrière les coteaux de la Croix-Rousse, ne jetait plus à la ville qu’une clarté terne.

Fougères, seul dans l’allée humide et moussue, marchait à pas lents. Le crépuscule était froid. Un brouillard léger voilait les lointains. À gauche, les grandes pelouses où paissent les daims et les cerfs s’allongeaient obscurément vers l’horizon confus, tandis qu’à droite, la rotonde grillée des oiseaux et des singes, proche, découpait nettement sa silhouette et semblait toute petite au seuil des bois de haute futaie.

Fougères s’arrêta devant la rotonde, qui était le lieu du rendez-vous. Un parterre à la française s’étendait auprès, et le jardinier trop ingénieux avait tracé sur un champ de plantes grasses, aux tiges courtes et violacées, un lion héraldique en trèfle vert-de-gris, armé de gazon bleu et lampassé de fleurettes rouges. Fougères considéra la bête bariolée, sourit, et passa…

Il était tard ; mademoiselle Dax ne viendrait pas plus ce soir-là que les précédents soirs…

— Évidemment, le parc n’est pas loin de chez elle…