Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/253

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se rallumèrent, et une clarté chaude baigna toute la salle, du parterre au paradis.

Le public s’agita. Les femmes bavardèrent. Un brouhaha naquit, d’où se détacha le piétinement des tabourets et le battement des portes de loges. Fougères, secoué de sa songerie, se leva, fit face à l’auditoire, regarda à gauche, regarda à droite.

Et ses yeux, soudain, s’immobilisèrent : dans la seconde baignoire du rez-de-chaussée, Carmen de Retz était assise à côté d’un homme grand et blond, que Fougères ne connaissait point.

Le chiromancien-caricaturiste s’était, lui aussi, levé.

— Monsieur, – dit-il, en saisissant le bras de Fougères – je n’ai certes point qualité pour vous conseiller en quoi que ce soit. Mais le souci de votre intérêt m’emporte au delà des bornes de la prudence et de la discrétion ! Et j’ose vous rappeler la morale que vous-même tiriez tout à l’heure, avec moi, de la sanglante histoire mise en musique par M. Massenet : Détournons-nous des créatures de l’autre sexe !

— Monsieur, – répliqua Fougères avec mélancolie, – monsieur, vous avez bien raison.

Cependant, attiré par un aimant mystérieux, il quitta sa place, et, marchant entre les deux rangées de fauteuils, alla s’adosser contre la cloison même de la baignoire. Sa tête, touchant le velours de la main-courante, effleura le coude de mademoiselle de Retz.

Alors, il entendit au-dessus de lui la voix connue :

— Barrier, mon cher, voulez-vous être assez aimable