Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/255

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la joue large semblait appeler le soufflet. Il se dompta pourtant, d’un sage effort. Il était bon diplomate. Il sut le prouver en l’occurrence. Ce fut avec un calme irréprochable qu’il riposta allègrement, le nez en l’air et le monocle à l’œil :

— Vous parlez à moi, monsieur ?… Vous êtes souffrant, sans doute ?… Voulez-vous qu’on prévienne le médecin du théâtre ?… ou un aliéniste ?

Et, parmi les spectateurs voisins, immédiatement attentifs à l’algarade, un rire courut.

Furieux, M. Gabriel Barrier empoigna la main-courante de velours :

— Faites donc le jocrisse ! Vous avez manqué de respect à madame…

— Oh ! — protesta Fougères, pudique, — j’en suis tout à fait incapable, ici du moins !… Mais à supposer même le pis, et que vous soyez, monsieur, cocu… pourquoi diable le criez-vous en public et à tue-tête ?

L’auditoire redoubla de gaîté. M. Barrier, violet, invectiva :

— Vous êtes un malappris et un drôle !

— Impossible ! — railla Fougères : — nous n’avons pas reçu la même éducation !

M. Barrier, hors de lui, leva la main :

— Ah çà ! vous tenez donc que j’aille vous flanquer une paire de gifles ?

— Ne prenez pas cette peine, — dit vivement Fougères ; — il est beaucoup plus simple de procéder ainsi…

Et, fort adroitement, il lui jeta ses gants au visage.