Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/256

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Dès le premier mot de la querelle, mademoiselle de Retz s’était rejetée au fond de la baignoire. Une femme fait sotte figure entre deux hommes qui s’injurient pour elle. Soucieuse avant tout de se dérober aux quolibets de la galerie, l’héroïne du débat cherchait l’obscurité, sans s’inquiéter outre mesure des mots trop vifs qui s’échangeaient à son propos. Toutefois, quand les gestes succédèrent aux paroles, elle cessa de se soucier d’elle-même pour songer à autrui. Un duel entre Bertrand Fougères et Gabriel Barrier, un duel qui ferait inévitablement tapage, et dont toute la ville de Lyon jaserait à bouche perdue… Non !… Il fallait empêcher cela, à tout prix, tout de suite… pour Barrier autant que pour Fougères, et pour cette petite Dax aussi…

M. Gabriel Barrier venait de recevoir en plein nez les gants de Bertrand Fougères. Fou de rage, il avait crié :

— Attendez !…

Et il se précipitait vers la porte de la baignoire, pour joindre au plus tôt son antagoniste, quand mademoiselle de Retz le saisit par un bras :

— Où allez-vous ? – dit-elle.

— Ça me regarde ! – répliqua-t-il sans courtoisie.

Et il ne s’arrêta pas. Mais elle le retint d’une main dont il ne soupçonnait pas la vigueur :

— Ça me regarde autant et plus que vous ! – riposta-t-elle. – Vous allez vous colleter avec ce personnage, sans doute ?… sous les yeux de toute cette salle qui se moque de vous et de moi ?… Charmant !… Mille