Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/52

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… Quelque chose de gai ? Mademoiselle Dax hésitait entre la gavotte de Mignon et une valse dite brillante dont le titre doré s’encadrait d’arabesques et de fioritures : Toujours ou Jamais… Mais elle se décida tout d’un coup pour une fantaisie des Mousquetaires au Couvent, précisément étudiée pendant la dernière semaine du cours. Le piano résonna.

Elle ne jouait pas mal, mademoiselle Dax : un joli doigté, et de l’intelligence. Pas d’âme encore ; mais quelque chose, peut-être, qui en deviendrait…

Et les arpèges s’égrenèrent jusqu’à la finale.


Le piano se tut. Dans le silence soudain, mademoiselle Dax entendit à travers la porte la voix de son fiancé, bruyante et convaincue, qui achevait une phrase.

— Comprenez-moi, beau-père : un médecin peut déplacer son cabinet dans un rayon de quinze cents mètres. On ne perd jamais ainsi que les malades imaginaires ; et justement je n’en ai pas, pas assez du moins, rue du Président-Carnot…

La voix s’interrompit. M. Barrier s’apercevait que la musique était finie. Il battit des mains, un peu tard :

— Bravo, mademoiselle ! Encore, encore ! Un autre morceau !


Mademoiselle Dax, pensive, demeurait immobile en face des Mousquetaires au Couvent, les bras mous, les mains encore posées sur le dernier accord.

— Eh bien ? – interpella madame Dax, brusque. – Cet autre morceau ?