Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/64

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et ne réclamait l’avis de sa fille que pour la forme ; – quelle scie !… quarante-cinq jours encore de cette vie à ne rien faire !… Dieu sait comment va la maison, pendant que je suis ici !

Mademoiselle Dax ébaucha un geste d’ignorance.

— Voyons, – continuait madame Dax, – le 30 septembre, est-ce un vendredi ? Alice !…

— Oui…

— Tu dis oui, et tu n’en sais rien, naturellement ! Ah ! ton mari aura du plaisir avec toi, je lui en souhaite !… Un vendredi. Alors, nous pourrions partir le 29 pour ne pas voyager le mauvais jour, ça serait vingt-quatre heures de gagnées, et une leçon de tolérance pour ton père…

Le facteur venant du village traversait la route. Voyant Bernard, il s’arrêta pour fouiller dans sa boîte.

— Est-ce que c’est lundi ? – demanda madame Dax en hâtant le pas.

Régulier en effusions sentimentales comme en affaires, M. Dax écrivait à sa femme une fois par semaine, à date fixe.

C’était bien lundi. Bernard apportait la lettre. Madame Dax chercha des yeux une place convenable pour la lecture. Une banquette de pierre bordait un bout du chemin. Madame Dax s’assit, et tira l’épingle de son chapeau pour couper l’enveloppe. Alice et Bernard, debout devant elle, écoutèrent. C’était le cérémonial réglé.