Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/70

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— Oh ! la belle fille que vous avez, madame, – s’écrie madame Terrien enthousiaste. – Venez vous asseoir tout près de moi, ma mignonne…

Madame Terrien parle d’une voix menue, avec des inflexions souvent puériles. Alice, apprivoisée, s’approche.

— Ici, ici… sur ma chaise longue, il y a place pour deux, je vous assure…

Madame Terrien sourit. Elle a l’air infiniment bon quand elle sourit.

— Que vous êtes heureuse, madame, d’avoir une enfant pareille, toute fraîche et rose ! Figurez-vous que ce garçon-ci fait mon tourment : il est malade, ses nerfs sont tout à fait lamentables ; il aurait besoin de repos, de quiétude !… et rien ne lui fait plus de mal que sa maudite musique : eh bien ! il compose tout de même jour et nuit…

— Ah ! – fait madame Dax, aimable autant qu’elle peut, – monsieur votre fils est musicien ?

— Hélas non ! madame, – proteste en souriant M. Gilbert Terrien. – Musicâtre à peine !…

Il sourit tout à fait comme sa mère, avec le même regard doux. D’ailleurs, ils se ressemblent beaucoup. Elle n’est pas jolie non plus. On cause.

— Vous êtes ici depuis longtemps ? – questionne madame Dax.

— Depuis deux mois bientôt, et nous resterons probablement tout l’hiver.

— Tout l’hiver ! – fait madame Dax ahurie. – Mais vous gèlerez ?