Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de mademoiselle de Retz et de madame Terrien.

Mademoiselle de Retz ne venait pas toujours ; Gilbert Terrien, qui ne sortait jamais, la retenait trois fois sur quatre auprès de l’orgue ; et ç’avait été pour mademoiselle Dax un grand étonnement de constater chez des « artistes » une si constante âpreté au labeur de chaque jour. Madame Terrien, au contraire, était une promeneuse assidue. Fougères l’accompagnait presque toujours. Vraiment il semblait ne guère se soucier de la compagnie de Carmen, et mademoiselle Dax renonçait à comprendre le baiser du premier jour…

On était donc trois. On demeurait d’abord un temps à regarder le site alpestre. Puis on partait à petits pas. On n’allait pas bien loin. Fougères toujours découvrait dans le voisinage un coin délicieux et secret, d’où les sapins en voûte excluaient le soleil. Et l’on devisait, assis dans la mousse sèche ou parmi les fougères.

Mademoiselle Dax, vite apprivoisée, se pelotonnait aux pieds de madame Terrien, et appuyait câlinement sa tête contre la robe complaisante. Elle ne disait presque rien. Elle écoutait, ravie : on ne parlait jamais politique, ni comptes de ménage ; et jamais on ne se querellait.


De retour à l’hôtel, mademoiselle Dax reprenait le collier familial. Bien entendu elle ne soufflait mot à madame Dax de l’emploi de ses matinées. Et madame Dax, persuadée que sa fille continuait de courir toute seule les sentiers à l’entour de l’hôtel, ne retirait pas la permission donnée le premier jour.