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VI


Mademoiselle Dax, selon son désir, rencontra très souvent ses nouveaux amis dans ses promenades matinales.

Elle continuait de sortir chaque jour, bien avant que l’hôtel fût seulement éveillé. Même, elle sacrifiait maintenant son premier déjeuner pour vagabonder plus tôt dans les sentiers encore nocturnes, sous les sapins lourds d’une rosée où le soleil levant allume des arcs-en-ciel. Mademoiselle Dax, au hasard du chemin, achetait, d’un berger promenant ses vaches, un bol de lait bourru, bien embaumé de fougère ou de thym, ou philosophiquement restait à jeun, quand nul berger ne se montrait.

Ce qui, dans son programme, primait tout, c’était d’arriver la première au rendez-vous donné la veille, sur le Signal, ou sur le Belvédère, ou dans cette prairie haute clairsemée de rocs nus qu’on appelle le Château. Mademoiselle Dax, toujours en avance, choisissait avec une minutie de petite fille la meilleure place où s’asseoir, puis attendait.

Très impatiente, elle mettait sa dignité à ne le point paraître. Elle choisissait un maintien distrait ; ses yeux s’attachaient au paysage alpestre et ne se détournaient que furtivement vers les sentiers où, tout à l’heure, dans la verdure, luiraient les ombrelles claires