Page:Farrere - Mademoiselle Dax.djvu/94

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mon livre. Plût à Dieu qu’en renonçant à tous ceux qui ont été faits et qui le seront, je pusse m’assurer une lettre de vous tous les jours ! C’est là ce que je voudrais lire : c’est vous que je voudrais voir et entendre sans cesse. Mon ami, je vous aime.


Il s’arrêta pour regarder madame Terrien d’un air de défi.

Elle hochait la tête, non sans respect :

— Je connais et j’apprécie… Tout de même, mon petit Fougères, jolie lecture pour jeune fille en âge de s’émouvoir…

Mademoiselle Dax, accoudée dans l’herbe, un poing dans sa joue, écoutait passionnément.

Fougères lut encore :


De tous les instants de ma vie, 1774.

Mon ami, je souffre, je vous aime et je vous attends.

— Voilà bien la plus belle lettre, la plus ardente et la plus précise qu’on ait jamais écrite. Belle comme une caresse et comme un théorème !… Et celle-ci, écrite à l’heure de la mort, et qui pleure sans bruit, comme une statue de mausolée :


Je voudrais bien savoir votre sort, je voudrais bien que vous fussiez heureux. – J’ai reçu votre lettre à une heure, j’avais une fièvre ardente. Je ne puis vous exprimer ce qu’il m’a fallu de peine et de temps pour la lire : je ne voulais pas différer jusqu’à aujourd’hui, et cela me donnait presque le délire. – J’attends de