— Harrisson m’a dit qu’en Amérique on peut abattre l’arbre qu’on veut, aller où l’on veut et manger de tout à volonté.
— Eh bien, ce qui nous arrive prouve que nous ne sommes pas encore en Amérique ; quand nous y serons, nous verrons bien, » dit Mimile.
Ils marchaient depuis un quart d’heure en silence, quand Charlot, tout à fait rassuré, reprit la parole :
« Dis donc, Mimile, il y a longtemps que nous marchons, et je commence à avoir joliment faim.
— Oh ! la jolie petite bête ! s’écria Mimile en apercevant un rat d’eau qui se promenait tranquillement dans les hautes herbes qui croissaient sur le talus de la berge.
— Où donc ? demanda Charlot.
— Tiens… là… à nos pieds.
— Je la vois, répondit Charlot, qui s’était penché en avant.
— C’est un rat. Il nettoie son museau avec ses petites pattes ! Est-il gentil ! reprit Mimile.
— Bon !… il nous a entendus… le voilà qui plonge !… il traverse la rivière, regarde !
— Il nage bien ! dit Charlot avec admiration.
— Oui, c’est une espèce qui se nourrit de poissons ; j’en ai entendu parler par papa.
— Est-ce que ça se mange ? dit Charlot, qui ne quittait pas l’animal des yeux.
— Je crois que oui.
— Le voilà passé, il est entré dans un trou.
— Lui, au moins, il peut aller où il veut, il n’a besoin ni de sacs à provisions, ni d’habits, ni de mouchoirs ; il