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UN DRÔLE DE VOYAGE

« Enfin ! s’écria-t-il en se regardant une dernière fois dans son miroir, on ne pourra toujours plus m’appeler négrillon ou singe.

— Tu vois, il ne s’agit que de savoir s’y prendre, dit Mimile.

— Le savon est bien plus doux que la terre glaise, reprit Charlot.

— Que veux-tu ? en voyage…

— Ça me cuit toujours… dit Charlot.

— Voilà grand’chose !… Allons, il faut te rhabiller et se remettre à courir les aventures pour tout de bon ; autrement, ce ne serait pas la peine d’être parti.

— Habillons-nous, dit Charlot, tout heureux d’avoir fait peau neuve.

— Suivons toujours la rivière ! » s’écria Mimile, dès qu’ils furent en état de continuer leur voyage.

Il était onze heures du matin.

Nos deux voyageurs, rafraîchis, ne s’étaient jamais trouvés plus alertes, et ils trottaient tout en gambadant, malgré la charge qu’ils avaient sur leurs épaules.

« Mimile ! dit tout à coup Charlot, j’aperçois un bateau… là-bas, là-bas… Il a l’air d’être attaché au bord de l’eau. »

Mimile regarda et vit que Charlot ne s’était pas trompé.

« Quelle chance ! s’écria-t-il, nous allons pouvoir passer de l’autre côté. Hâtons-nous !… hâtons-nous !… »

Ce qu’on croit être tout près en rase campagne est souvent encore très-éloigné, et Mimile et Charlot durent marcher encore près d’une heure, avant d’arriver à leur but.