— En résumé, reprit Mange-tout-cru, tu as encore été plus heureux que beaucoup d’autres qui sont restés dans ce ventre d’un tigre ou d’un lion, et ne sont par conséquent jamais revenus de leurs voyages. — Ah çà, reprit-il brusquement, est-ce que le reste de la bande ne va pas revenir ? Il me semble qu’ils sont bien longtemps à faire leur patrouille.
— Les deux petits pendards que nous poursuivons ont peut-être tué nos camarades à coups de flèches.
— Allons donc ! des flèches de jour de l’an, bonnes au plus à crever l’œil d’un friquet. »
En ce moment, les hommes de Mange-tout-cru reparurent. Ils étaient furieux d’avoir fait une battue inutile.
« Eh bien ? demanda le chef.
— Rien encore, dirent-ils tous.
— Sapristi s’écria Mange-tout-cru en se levant, est-ce que cette marmaille nous échapperait ? Ce serait un peu violent si nous ne pouvions pas en venir à bout ! »
Puis il reprit, après un instant de réflexion :
« Compagnons, il faut retourner dans la plaine, où nous les trouverons bien certainement cachés sous quelque tas de bois. »
Toute la bande, son chef en tête, quitta le fourré sur ces paroles.
Dix minutes après, elle avait repassé la rivière.
Charlot et Mimile avaient attendu ce moment pour respirer à l’aise et descendre de leur arbre.
Le premier était pâle et silencieux.
Quant à l’autre, il n’eut pas plutôt mis le pied à terre qu’il fit deux ou trois gambades en s’écriant :