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UN DRÔLE DE VOYAGE

et de hautes bruyères, s’étendait autour de la grotte, dont la fraîcheur était entretenue par l’ombre que projetait une vingtaine de vieux hêtres plantés circulairement.

En été, ce kiosque naturel était admirablement choisi pour un campement.

« Oh ! le bel endroit ! s’écrièrent Mimile et Charlot.

— C’est que je connais ma forêt comme mon Pater, dit Giboulot.

— Les belles culbutes qu’on peut faire là-dessus ! reprit Mimile enthousiasmé.

— En v’là la preuve ! » répliqua Giboulot, qui se mit à faire la roue, à marcher sur les mains en tenant ses jambes en l’air et à faire différents sauts de carpe très-divertissants.

En un instant, Mimile et Charlot avaient quitté leurs sacs et jeté leurs bâtons pour imiter Giboulot.

Ce divertissement durait depuis quelques minutes et allait sans doute se prolonger longtemps, quand Charlot poussa tout à coup un cri terrible.

Mimile et Giboulot se redressèrent aussitôt.

Tous les trois se trouvèrent alors en présence d’un ours noir, de taille moyenne, qui, bien d’aplomb sur son gros derrière, les regardait fort tranquillement comme un spectateur assis commodément dans sa stalle au théâtre.

« Un ours !… » s’écrièrent-ils tous à la fois.

Le premier mouvement de stupéfaction passé, Giboulot sauta sur son gourdin et Mimile sur son long couteau.

Charlot, selon sa louable habitude, s’était déjà placé