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l’épisode des ours.

derrière eux, plus tremblant qu’une feuille agitée par l’ouragan. Il venait de se rappeler l’histoire du compagnon de Mange-tout-cru, dont une oreille et un mollet avaient été dévorés par un ours.

L’horrible animal restait immobile et paraissait sourire.

L’attitude prise par Mimile et Giboulot, au lieu de l’inquiéter, semblait l’intéresser vivement.

Le plus profond silence s’était établi.

« Ah çà, qu’est-ce que c’est que ce particulier-là, et d’où sort-il ?… dit enfin Giboulot.

— Est-ce qu’il n’y a jamais eu d’ours dans cette forêt ? demanda Mimile, les yeux toujours fixés sur l’animal.

— Pas plus que sur la main, répliqua le gardeur d’oies dont l’étonnement était au comble.

— C’est drôle, dit Mimile.

— C’est plus que ça, ajouta Giboulot.

— Est-ce qu’il va toujours rester là à nous regarder comme une grosse bête ? dit Charlot.

— Il faudrait peut-être l’asticoter pour le mettre en mouvement, dit Giboulot.

— Ce serait un bon moyen, répondit Mimile.

— Si j’allais lui taper sur la tête avec mon gourdin ?…

— Attends, Giboulot, j’ai une idée, » reprit Mimile.

Il cria aussitôt, sans perdre l’ours de vue :

« Charlot ! Charlot ! Où es-tu, Charlot ?

— Je suis là… répondit l’enfant d’une voix étranglée, là, derrière un arbre.

— Qu’est-ce que tu fais ?