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les gendarmes interloqués.

interdit de l’air sérieux qu’avait pris la figure de Mimile, n’osa pas lui en demander la suite.

Giboulot arriva heureusement pour faire une diversion.

Il avait mis, comme on dit, la table et le couvert, le tout par terre, et il invitait les deux cousins à prendre leur part du déjeuner.

Ils ne s’étaient pas fait prier et faisaient honneur au festin, quand un nouvel incident vint encore les interrompre dans cette utile occupation.

Un chien de taille moyenne, l’œil éperdu, le poil trempé de sueur, débouchait du bois, poursuivi à coups de pierres par une douzaine de petits maraudeurs. À la vue du groupe formé par nos trois amis, la malheureuse bête, hésitante et croyant se trouver en présence de nouveaux ennemis, s’était arrêtée un instant. Cet instant avait suffi au plus avancé de ses persécuteurs pour lui asséner sur les reins un coup de bâton qui l’eût assommé, si le pauvre animal, en se couchant à plat ventre comme pour lui demander grâce, n’avait amorti la violence du coup.

Au lieu d’être touché de la soumission de sa victime, l’affreux garnement allait redoubler, quand Giboulot, sautant sur lui, lui arracha son bâton et le cassa en deux sur son genou, comme si ce n’eût été qu’une baguette.

« Qu’est-ce que ce chien t’a fait ? dit-il au jeune gaillard qu’il avait désarmé ; il n’est ni malade, ni méchant, je le connais ; pourquoi le poursuivez-vous ?

— Qu’est-ce que ça te fait ? répondit l’impudent