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à demain l’amérique.

Les deux cousins dormaient encore profondément lorsque Giboulot rentra dans la masure. L’ex-gardeur d’oies s’était fait si léger en remontant l’escalier en ruines, il avait rouvert la porte de leur chambre et s’était recouché sur le plancher avec tant de précaution qu’il n’avait pas fait le moindre bruit. Bien mieux ; il n’était pas couché depuis cinq minutes, qu’il dormait son tour comme un homme qui n’aurait pas le plus petit poids sur la conscience.

Le jour commençait à disparaître sensiblement, quand nos trois dormeurs furent réveillés simultanément par un coup de tonnerre si violent qu’il ébranla la masure jusque dans ses fondements.

« C’est un orage, dit Giboulot. S’il se met pleuvoir, ça va détremper les chemins… Et pour marcher la nuit… cela ne sera pas réjouissant.

— Quelquefois, dit Mimile, le tonnerre gronde sans qu’il pl… »

Une pluie torrentielle tomba juste à point pour lui couper la parole.

« C’est bien ennuyeux, ça, dit Charlot.

— Bah ! plus la pluie tombe fort, moins elle dure, reprit Mimile.

— C’est juste ! répliqua Giboulot. Après tout, la pluie et le tonnerre, c’est un accident comme un autre.

— Parbleu ! dit Mimile en se cambrant. Et ce n’est pas Charlot, qui s’est comporté comme un brave aujourd’hui, qui voudrait avoir peur du mauvais temps.

— Je n’ai plus peur de rien, » répondit Charlot en portant la main à son œil, devenu quelque peu gênant.