Page:Fath — Un drôle de voyage, 1878.pdf/219

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
183
à demain l’amérique.

Un reste de tempête passait de temps en temps au-dessus de la forêt et secouait les feuilles, dont l’eau tombait en véritable pluie. Le désagrément était mince, et nos petits amis ne faisaient qu’en rire.

« Dis donc, Mimile, dit tout à coup Charlot, il me semble que j’ai entendu quelque chose.

— C’est sans doute quelque animal qui court à travers les feuilles et les branches tombées, pour regagner son domicile où l’attendent sa femme et ses enfants, répondit tranquillement Giboulot.

— C’est peut-être ça, » reprit Charlot.

Un cri sinistre, plusieurs fois répété, retentit en ce moment au-dessus de leurs têtes.

« Qu’est-ce que c’est donc ? demandèrent Mimile et Charlot également effrayés.

— Ça, c’est le cri d’un oiseau de nuit qu’on appelle une chouette.

— Le vilain oiseau ! Il m’a fait peur, » reprit Charlot.

Giboulot poursuivit :

« C’est l’heure où il se lève pour aller à la chasse… Gare aux souris, aux mulots et aux lapins en bas âge qui se trouvent sur son passage ! il les croque sans merci.

— Il a une drôle d’heure pour exécuter tout cela, fit observer Mimile.

— Chut ! ne causons plus, dit Giboulot. Le temps est si noir que je n’aurai pas trop de toute mon attention pour ne pas m’égarer. »

On marcha en silence pendant un bon quart d’heure sans entendre le plus léger bruit.