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UN DRÔLE DE VOYAGE

duit un tel effet sur les braconniers, qu’à peine revenus de leur stupéfaction, ils avaient promptement ramassé leur filet et pris la fuite dans une direction opposée à celle de nos petits aventuriers.

Il va sans dire qu’il n’y avait pas, pour le moment, apparence de gardes forestiers, et que les cris proférés par Giboulot n’étaient qu’un stratagème pour se débarrasser de la poursuite des braconniers, en les inquiétant vivement sur leur propre compte. Certains de n’avoir personne à leurs trousses, nos trois compagnons d’aventure s’arrêtèrent après une course de quelques minutes.

« Hein ! dit Giboulot en riant, voilà ce qui s’appelle se tirer promptement d’affaire. Ces imbéciles-là, qui pensaient nous allonger les oreilles comme à de jeunes lapins !

— Ils ont reçu la volée qu’ils nous destinaient si gratuitement, dit Mimile.

— C’est joliment bien fait, ajouta Charlot ; c’est moi qui lui aurais donné un fameux coup aussi, s’il avait voulu me tirer les oreilles.

— Ils ont eu chacun leur compte, ça doit leur suffire et à nous aussi, dit Giboulot.

— C’est donc leur état, à ces gens-là, de tendre des filets dans les bois pendant la nuit ? dit Mimile.

— Mais oui ce sont des braconniers, des voleurs de gibier, répliqua Giboulot.

— Avec tout ça, fit observer le judicieux Charlot, je vois qu’on n’est pas plus tranquille la nuit que le jour quand on voyage, et ça, même dans les forêts. Qui est-ce qui aurait cru ça ? »

Des pas réguliers se firent entendre à peu de distance.