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le camp de mange-tout-cru.

quand nous y serons. D’ailleurs, il n’y a plus moyen de reculer.

— S’il n’y a plus moyen, ne reculons pas, dit philosophiquement Mimile ; il fallait le dire tout de suite. »

Ces paroles dites résolûment, on poursuivit son chemin avec une nouvelle ardeur.

« À la bonne heure, répliqua Giboulot ; en marchant de ce pas, nous ne tarderons pas à savoir à quoi nous en tenir. Mais qu’il soit bien entendu que, si les chiens veulent nous barrer le passage, il faudra jouer du bâton. »

Il parlait encore, que des aboiements formidables répondirent à cette espèce de défi.

« Nous y voici, dit Mimile ; Charlot, garde à toi !

— Oui, dit Charlot d’une voix mal assurée.

— C’est très-singulier, reprit Giboulot, il faut que ces grands aboyeurs soient solidement attachés pour n’être pas encore ici à nous montrer leurs crocs. »

Charlot respira plus librement en entendant cette observation rassurante.

Les nuits sont très-courtes en été et le jour commençait à paraître, comme pour venir en aide à nos petits aventuriers.

D’instant en instant, les aboiements redoublaient de violence.

Ils arrivèrent enfin devant les chenils, où le vacarme continua de plus belle ; c’était à en devenir sourd.

« J’avais deviné, dit Giboulot, les chiens sont attachés… rien à craindre de ce côté… pas un seul homme non plus… Encore quelques pas, et nous serons libres, tout à fait libres. »