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UN DRÔLE DE VOYAGE

« — Ne t’impatiente pas, me dit-il en ricanant, je vais sortir, mais je serai vite de retour ; histoire de trouver un camarade et de l’inviter à déjeuner avec moi.

« Là-dessus, il sortit, en prenant bien soin de fermer la porte derrière lui.

— Mais alors comment as-tu pu l’ouvrir ? demanda Mimile.

— Enragé de colère, je jetai un regard autour de moi.

« J’aperçus le poignard que voici (Giboulot désignait son poignard). Il pendait à deux pas de moi, le long du mur du sauvage. Je m’en emparai, bien résolu à défendre chèrement ma vie ; mais l’idée me vint a lors qu’à l’aide de ce poignard je pourrais peut-être-ouvrir la porte et me donner de l’air. En effet, après cinq minutes d’efforts, j’en avais fait sauter la serrure, une vieille ferraille.

« J’avais entre-bâillé la porte par mesure de précaution pour voir comment les choses se passaient au dehors, quand j’aperçus mon sauvage qui revenait tout seul et sans trop se presser.

« Il ricanait, se frottait encore le ventre et l’estomac, comme quelqu’un qui se dispose à faire un bon repas, et ne se doutait pas qu’il était épié.

« Sa vue redouble ma rage.

« À nous deux ! me dis-je, nous allons bien voir. Et de mon pied gauche je calai la porte, qui ne s’ouvrait plus que juste assez pour lui permettre de passer son affreuse tête ; puis je l’attendis de pied ferme, son poignard à la main. »

Charlot écoutait, les yeux fixes, la bouche ouverte.

Giboulot poursuivit :