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le départ

Ils prirent alors leurs sacs de collégiens, en ôtèrent les livres, y substituèrent leurs effets, placèrent sur le dessus leurs arcs démontés et leurs flèches ; bouclèrent le tout et se tinrent prêts à partir.

Charlot était radieux.

« Tout le monde vient de sortir !… s’écria bientôt Mimile, qui faisait le guet depuis un quart d’heure ; en route !… »

Cependant, au moment de franchir la porte de sa chambre, Charlot eut un remords et dit à Mimile, d’une voix qu’il essayait de rendre ferme :

« Mimile ! J’ai envie, d’écrire à maman que nous sommes obligés de partir en voyage. Il faut qu’elle sache, il faut qu’elle n’ait pas de chagrin, ni papa, ni Louise, ni Dorette, ni tes parents non plus. Il faut… »

Il ne put achever sa phrase. Mimile vit bien que les yeux du gros Charlot se remplissaient de larmes. Mais le sort en était jeté. Il fit celui qui ne voit rien et se contenta de répondre :

« Ce sera mieux. Ce sera même plus… convenable.

— C’est nécessaire, » dit Charlot.

Et revenant sur ses pas, il se mit à écrire rapidement ce qui suit :

« Chers parents,

« Vous voulez que je guérisse, eh bien ! il n’y a qu’une chose qui puisse couper ma fièvre, c’est de faire pour ma santé un petit tour en Amérique.

« Je pars avec Mimile, qui n’avait pas d’abord envie de