Page:Fath — Un drôle de voyage, 1878.pdf/30

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
22
un drôle de voyage

venir, mais qui ne veut pas m’abandonner. Nous avons bien du chagrin d’être obligés de partir sans vous embrasser, mais vous êtes tous sortis, et nous sommes bien pressés. Pardonnez-nous de nous en aller sans votre autorisation.

« Je dois aussi vous dire de ne pas nous attendre pour dîner. Mais nous reviendrons le plus tôt possible.

« Mimile et moi nous vous embrassons tous, chers parents. N’ayez pas peur pour nous, nous emportons tout ce qu’il faut, et je vous promets que nous serons bien sages.

« Votre dévoué
« CHARLOT. »

Puis il laissa sa lettre très en vue sur la table en disant :

« Je suis plus content d’avoir fait cela. Partons.

— Partons… » répéta Mimile.

L’après-midi s’avançait.

Cinq minutes après, ils étaient dans la rue, le sac au dos, guêtres jusqu’aux genoux, leur couteau à la ceinture, le chapeau rond sur l’oreille, une canne à la main, et ils se dirigeaient à grands pas vers l’Amérique.

Après s’être consultés un moment sur la route qu’ils devaient suivre, car c’était, bien entendu, par le plus court qu’ils voulaient se rendre à leur destination, ils traversèrent le boulevard Montmartre pour gagner la rue Richelieu qui devait les conduire tout droit à la place du Carrousel, et enfin au bord de la Seine.

Voici ce qui avait déterminé leur itinéraire :