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UN DRÔLE DE VOYAGE

des routes qui débouchaient sur le carrefour où s’était livrée la bataille, on vit arriver, dans un ordre admirable, la plus belle, la plus surprenante armée qu’on puisse rêver ! Sur quatre éléphants, tout caparaçonnés d’étoffes rouges brodées d’or et de soie, quatre guerriers, splendidement habillés et couverts d’armes étincelantes, portaient chacun un drapeau sur lequel on lisait en lettres très-lisibles :

la tribu des francs-cœurs.

C’étaient ces éléphants et ces guerriers-là qu’on voyait les premiers, quoiqu’ils fermassent la marche, parce qu’ils étaient plus hauts que tout le reste du cortège.

Mais immédiatement devant eux marchait une troupe de cavaliers, montés sur de beaux chevaux noirs couverts de superbes selles turques agrémentées et enrichies de pierreries de toutes les couleurs ; les cavaliers étaient des hommes magnifiques, coiffés de turbans à plumes blanches et roses qui flottaient par derrière eux. Ils étaient armés de longues lances ornées de flammes aux trois couleurs.

Deux lions et deux tigres les précédaient, attachés à un char splendide, reluisant au soleil et sur lequel, comme dans les triomphes romains, se tenait debout, le casque en tête, un beau guerrier, la main appuyée sur une longue épée. À côté de lui, chose étrange, deux messieurs habillés comme les messieurs de Paris, pardessus de drap et chapeaux ronds, fumaient leur cigare.

Mimile, qui s’était étonné de voir deux simples Parisiens dans un tel cortège, fit remarquer à Giboulot et à