Page:Fatio de Duillier - De la cause de la pesanteur.djvu/19

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Si l’on supose que la Figure R (Fig. II) represente un amas trez petit de Globes egaux, dont les diametres soient infiniment petis; et dont les Disques apparens, aux Globes les plus voisins entre eux, soient aussi infiniment petis; il se formera autour de cet amas une Pesanteur, qui sera, si elle agit sur de petis Amas semblables, comme le Nombre de ces petis Globes directement, et comme le Quarré de la Distance aux Globes reciproquement. Mais il n’y à pas d’aparence que les Corps terrestres ni ceux qui forment les Planetes, soient composées . de cette Maniere; puisque les petis,Globes R devroient necessairement s’aprocher les uns des autres, à moins qu’ils ne fussent soutenus, ou pour de Verges, soit des Lignes inflexibles, qui s’étendissent des uns aux autres, et dont le Diametre fut infiniment plus petit que celui des Globes mêmes; ou par des Mouvemens circulaires ou par quelque autre cause centrifugue. Car il est bien croiable, au moins dans nôtre maniere de Philosopher, que les Corps terrestres, et mêmes les Corps grossiers de tout l’Univers, sont composez de Particules, dont la Masse soit veritablement proportionelle il la surface (aussi bien que dans la suposition precedente:) de particules, dont la surface soit encore également et uniformement tournée de tous cotez imaginables; comme dans la même suposition: enfin de Particules, dont la solidité soit aussi infiniment moindre, que l’Espace Vuide qu’elles laissent entre elles; ce qui se trouve aussi dans la suposition precedente. Mais il faut de plus, que dans les Amas entiers, qui se pourront faire de ces Particules, quand elles deviendront contigues entre elles, les mêmes choses aient encore lieu. Or cette condition oblige à multiplier extremement le Nombre des Globes qui entreroit dans la Structure d’une seule Particule, ou d’un Atome de Matiere. Par exemple en observant toutes les autres conditions ci dessus, suposons qu’un Corps fut formé de plusieurs Atomes egaux, semblables chacun à des Rets ou Cages presque Spheriques, dont voici l’Idée. Imaginez un Icosaëdre, ou telle autre Figure que ce soit, reguliere ou Irreguliere, qui se puisse inscrire dans la Sphere, ou dans tout autre Solide qu’il Vous plaira. A chacun des Angles Solides imaginez de petis Globes egaux, joints entre eux par des Lignes inflexibles, disposées le long des Arrêtes ou Angles plans de la Figure: et que de ces seuls Globes et Lignes inflexibles il se forme, un seul Atome, parfaitement dur, et infiniment percé à Jour de toutes Parts. Si dans la structure de cet Atome il entre peu de Globes, un Atome semblable pourra s’unir à lui, en lui devenant contigu par trois Globes. Et le Composé de ces deux Atomes ne produira plus autour de lui une Pesanteur reciproquement proportionelle au Quarré de la Distance. Il faut donc multiplier le Nombre des Globes dans ces Atomes, ou avoir recours à quelque à autre Structure.

Or je n’en vois point de plus commode que celle, qui étant fait sur l’Idee precedente, en exclut seulement les petis Globes ce qui pourtant n’est pas absolument necessaire; ou du moins les renvoie dans l’Interieur rezeau, en conservant les Lignes, ou les Arrêtes, qui s’unissant, dans les Points de Concours des