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Page:Fatio de Duillier - De la cause de la pesanteur.djvu/7

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Pensée, par l’excez de la Vitesse des Particules de cette Matiere, qui viennent frapper la Terre par exemple ou quelque Atome grossier, de toutes Parts, par dessus leur Vitesse, quand elles se reflechissent, ou qu’elles ont traversé la Terre. Or je parle ici principalement et presque uniquement de la Matiere la plus agitée, la quelle vient de la region des Etoiles fixes, jusques à Nous, en un Espace de Tems tout à fait insensible.

Et comme l’on pourroit croire que les Matieres, que je suppose, devroient s’epaissir beaucoup, autour de la Terre, plusieurs de leurs parties perdant touA i jours quelque chose de leur Mouvement ; Je montre que cet Inconvénient n’est point a craindre, la même quantité de Matiere venant toujours fraper la Terre comme un Courant, et s’en eloignant ensuite uniformement, à l’infini comme un nouveau Courant, quoique plus lent que le Premier ; par où elle fait place à celle qui lui succede ; provenant par sa Fuite continuelle, et toujours égale la Condensation, que l’on auroit pû craindre.

Il arrive en ceci quelque chose d’admirable et a quoi je ne m’attendois d’abord. L’Apprehension de cet épaississement de Matiere, autour de la Terre, m’avoit fait chercher, pendant deux ou trois Ans, la cause de la Pesanteur dans les mêmes Suppositions ou je la trouve, si non que je ne voulois pas quil se perdit, quoique ce soit du Mouvemt de la Matiere qui produit la Pesanteur. Mais ayant enfin reconnu que cela étoit impossible, je voulus voir en detail à quoi se reduisoient la Condensation et la Perte du Mouvement que j’apprehendois tant : et je fus assez surpris, quand je reconnus, que cette Condensation etoit donnée, et n’augmentoit point ; et qu’elle etoit aussi petite, qu’on vouloit, de même que la Perte du Mouvement, jusques à devenir infiniment petite, si l’on faisoit les Suppositions necessaires. En effet je démontre que cette Matiere, qui cause la Pesanteur étant une fois supposée aussi rare qu’on voudra, elle pourra produire sans augmenter ni diminuer sa Densité, la même Pesanteur, en ne perdant neanmoins qu’une partie si petite que l’on voudra de ce Mouvement Car pour cela il ne faut qu’augmenter sa Vitesse, avec la Force de la Reflexion. De sorte que je fais voir mathématiquement qu’autant de Matiere, qu’en contient une Liure de Plomb, par exemple, étant suffisement divisée, et aiant un Mouvement assez violent, et un Ressort assez parfait, ou même une Dureté assez parfaite, pourvû que les Corps qu’elle peut fraper, aient un Ressort a peu prez parfait, ou que la Dureté soit toujours accompagnée d’un Ressort presque infiniment vif, qu’autant de Matiere, dis-je pourroit suffire pour entretenir dans leur Vigeur, toutes sortes de Pesanteurs, que nous voions dans le Systeme du Soleil et des Planetes, pendant autant de siecles que l’on voudroit, et a Proportion pour les Etoiles fixes.

Je tire beaucoup d’autres consequences, de cette Doctrine, par lesquels je verifie que la Nature se maintiendra dans le même état simple et uniforme, et dans le même Mouvement Mon Hypothese étant telle que je ne puis guerre douter qu’elle ne soit Veritable au moins s’il y a une cause Mechanique de la