Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/204

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Ainsi, l’adorable Çiva, ayant blessé la gazelle du sacrifice, la poursuivait dans le ciel et, son arc à la main, en cherchait la piste çà et là. 1668.

Mais l’antilope, que le monarque avait percée, n’était pas arrivée vivante dans la forêt ; elle avait repris soudain son ancienne forme et s’était jetée dans le chemin du Swarga. 1669.

La gazelle blessée du roi Parikshit fut donc perdue ; mais elle avait emmené loin cet ardent chasseur. 1670.

Épuisé de fatigue, mourant de soif, il trouva dans ce bois un hermite, qui, assis dans le pâturage des vaches, mettait une extrême attention à lécher l’écume sortie de la bouche des veaux, tétant le lait aux mamelles de leurs mères. Le roi courut bien vite vers l’anachorète aux vœux accomplis et, levant son arc, lui demanda, accablé de fatigue et de faim ; « Oh ! oh ! brahme, je suis le roi Parikshit, fils d’Abhimanyou. 1671-1672-1673.

» J’ai blessé une gazelle, dont j’ai perdu les traces ; ne l’aurais-tu pas vue ? » Mais le solitaire, fidèle au vœu du silence, ne lui répondit pas un mot. » 1674.

Alors, s’irritant, le prince de lever avec le bout de son arc un serpent mort : il mit cette dépouille sur l’épaule du solitaire, et le quitta avec dédain. 1675.

L’autre ne dit pas une seule parole, ou bonne ou mauvaise, au roi. Celui-ci, une fois sa colère passée, eut regret de sa conduite, car il vit que le solitaire était un bouddhiste : il retourna dans sa ville et l’hermite resta comme il était. 1676.

Quoique traité avec un tel mépris, le grand anachorète, voué à la patience, n’offensa pas le monarque puissant, qui avait oublié son devoir. 1677.