Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/206

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d’un esprit irascible, s’enflamma de fureur, quand il entendit appeler son père un porteur de morts. 1687[1].

Il fixa les yeux sur Kriça et, débutant par un mot d’amitié, lui demanda : « Comment se fait-il que mon père ait sur lui un cadavre ? » 1688.

« C’est le roi Parikshit, courant çà et là pour la chasse, répondit Kriça, qui appliqua tout à l’heure, mon enfant, le serpent mort sur l’épaule de ton père. » 1689.

« Quelle offense mon père avait-il faite à ce roi méchant ? reprit l’autre. Dis-le moi, Kriça, dans la vérité. Voici le moment de déchaîner la force acquise par mes pénitences ! » 1690[1].

« Le roi Parikshit, fils d’Abhimanyou, est venu chasser, répondit Kriça. Il poursuivait seul une gazelle à la fuite rapide, qu’il avait blessée d’une flèche. 1696.

» Le roi chercha en vain dans ce bois ; il ne vit point sa gazelle : mais il vit ton père, et s’en informa auprès de lui, que le vœu du silence empêchait de répondre. 1697.

» Le roi, malade de fatigue, de faim et de soif, répéta mainte et mainte fois sa demande sur la gazelle perdue à ton père, qui se tenait devant lui, immobile et muet comme un pieu. 1698.

» Le vœu du silence enchaîne la langue de ton père : il ne pouvait donc lui répondre ; et le monarque irrité de lui mettre avec le bout de son arc un serpent mort sur l’épaule. 1699.

» Ainsi ton père, Çringi, observa strictement le vœu du silence, et le roi s’en alla vers sa ville d’Hastinapoura. »

  1. a et b Ici et là, notre édition de Calcutta numérote la première de ces lignes 1690 et la seconde 1695. Nous allons donc nous ranger à la suite de ces numéros.