« Jadis Viçvamitra aux grandes pénitences, dit Kanva, se macérait avec une telle vigueur qu’il alluma de brûlants soucis dans Indra, le souverain du peuple immortel.
« Cet ascète à l’ardente énergie, dit celui-ci, va me renverser du trône par ses pénitences ! » Aussi Pourandara effrayé adressa-t-il ce langage à Ménakâ : 2914-2915.
« Tu l’emportes, Ménakâ, sur toutes les Apsaras par les dons, que le ciel t’a faits. Sauve-moi, illustre nymphe ; écoute ce que je vais te dire. 2916.
» Ce Viçvamitra aux grandes pénitences et d’une splendeur égale au soleil se livre à d’épouvantables macérations, et fait trembler mon cœur. 2917.
» Je te charge, Ménakâ, de ce Viçvamitra à l’âme domptée, nymphe à la taille charmante. Cet inabordable pénitent ne sort pas de ses effroyables mortifications.
» Va le trouver, séduis-le pour qu’il ne me renverse pas du trône : mets obstacle à sa pénitence et délivre-moi de cet obstacle même. 2918-2919.
» Une fois que tu l’auras tenté avec ton langage, ton sourire, tes gestes, ta douceur, ta jeunesse et ta beauté, femme à la taille ravissante, détourne-le de sa pénitence. »
« Ce révérend aux grandes macérations, lui répondit Ménakâ, est aussi d’une grande puissance. Il est irascible, ta majesté le sait bien elle-même. 2920-2921.
» Comment pourrais-je ne pas craindre cette grande âme, quand tu as tremblé toi-même devant son énergie, sa pénitence et sa colère ? 2922.
» Lui, qui a privé l’éminent Vaçishta de ses fils invulnérables ; lui, qui, d’abord né kshatrya, s’est fait brahme ensuite par la force ! 2923.
» Lui, qui, pour sa purification, a créé une très-sainte