Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/454

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« Tous les rois sont de toutes parts soumis pour le bonheur de ta majesté ; pourquoi donc, toujours affligé, soupires-tu continuellement ici ? 4025.

» Absorbé dans tes pensées, tu ne m’adresses pas un seul mot, sire ; tu ne sors plus à cheval, tu es pâle, maigre ; ta fraîcheur s’est fanée. 4026.

» Je désire connaître ta maladie afin que je puisse y porter le remède. » A ces paroles de son fils, Çântanou répondit : 4027.

» Sans doute, je suis abîmé dans mes pensées : écoute circonstanciellement quelle en est la cause. Tu es mon seul fils dans une grande famille, rejeton de Bharata.

» Tu as sans cesse les armes à la main, tu es sans cesse dans l’exercice du courage, et je pense, mon fils, à la fragilité de la vie humaine. Si tu éprouvais un malheur, fils de la Gangâ, il n’y aurait plus moyen d’exister pour notre famille. 4028-4029.

» Sans doute, un fils comme toi vaut mieux que cent, et je ne puis inutilement épouser de nouvelles femmes.

» Je désire la perpétuité de ma race ; mais, n’en sois pas offensé, les hommes versés dans les devoirs ont dit : « Avoir un seul fils, c’est n’avoir pas d’enfants. » 4030-4031.

» Le feu sacré sur l’autel domestique, les trois Védas, la science, une postérité impérissable dans une fille, tous ces avantages ne valent point la seizième partie d’un fils.

» De telles choses parmi les hommes peuvent être, dit-on, suppléées toutes par des fils. Le manque d’un autre fils me jette dans l’incertitude. 4032-4033.

» Un fils, c’est le Véda éternel des Pourânas et des Dieux. Mais toi, fils de Bharata, tu es un héros, ton cœur