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Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/526

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» Peut-être, voulant te posséder sans partage, j’aurai pu de toi séparer tes compagnons, et c’est pour m’en punir qu’est arrivée aujourd’hui ma séparation d’avec toi ! 4705.

» La femme, qui vit séparée de son époux, ne fût-ce qu’un seul instant, vit dans la douleur : elle est comme une damnée, sire, au sein du Naraka ! 4706.

» J’ai senti dans une vie précédente la joie et la douleur des réunions et des séparations ; mais il a fallu toute l’accumulation des œuvres, des fautes et des péchés, commis en toutes mes existences antérieures, sire, afin de causer la cruelle douleur, dont m’accable ici ta séparation d’avec moi. Désormais, sire, je n’aurai pour lit qu’une jonchée de poas ! 4707-4708.

» Je resterai, envahie par la douleur, ma pensée attachée à cette cruelle image ; montre-toi, tigre des hommes ! parle-moi, infortunée, accablée de tristesse, pleurant mon protecteur, et gémissante, ô souverain des hommes ! »

» Après qu’elle eut exhalé ces plaintes de plusieurs manières et embrassé mainte et mainte fois le cadavre, la voix d’un être invisible articula ces paroles : 4709-4710.

« Lève-toi, Bhadrâ ! Viens ! Que je t’accorde ici une grâce ! Je vais engendrer en toi des fils, dame au charmant sourire. 4711.

» Viens, purifiée de ton mois, le huitième ou le quatorzième jour de la lune, recevoir mes embrassements dans ma couche, femme à la taille gracieuse. » 4712.

» À ces mots, la reine, fidèle à son époux, Bhâdra, qui désirait des fils, accomplit au moment révolu cette parole comme elle fut dite. 4713.

» La princesse conçut de ce corps sans vie ; elle en eut