Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 1.djvu/618

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

» Je mangerai le rat, si ta seigneurie m’approuve. » À ces mots, le rat épouvanté entra vite dans un trou. 5582.

» Cela fait, sire, arrive, sortant du bain, le loup, à qui, dès son entrée, le chacal adresse ces paroles ; 5583.

» Ce roi des quadrupèdes, le tigre est en colère ; il ne sera pas bon pour toi… Mais… le voilà, qui revient ici avec son épouse… Sauve-toi vite ! » 5584.

» Poussé ainsi par le chacal, le loup, mangeur de chair, fait un bond et s’enfuit. 5685.

» Dans l’instant même se présenta l’ichneumon, auquel, puissant roi, ces mots furent dits par le chacal : 5586.

« J’ai vaincu tes compagnons et les miens, venus l’un après l’autre ; ils ont succombé sous la force de ma patte. Livre-moi aussi un combat singulier, et tu mangeras cette viande à ton gré ! » 5587.

» L’ichneumon répondit :

« Puisque tu as vaincu tous ces héros : le roi des quadrupèdes, le loup et même l’intelligent rat, tu es donc plus fort qu’eux. 5688.

» Je ne puis alors combattre avec toi ! » Ces paroles dites, il décampa. Eux partis de cette manière, le chacal, d’une âme joyeuse, mangea seul cette chair, qu’il devait à l’invention de son ingénieux stratagème.

» Le roi, qui prendra cette conduite pour sa règle, avancera d’un progrès continuel. 5589-5690.

» Qu’il brise le timide avec la crainte ; le héros vaillant avec les démonstrations du respect, l’avare avec des présents et le faible avec sa force. 5591.

» Maintenant que tu as entendu ces règles, écoute, sire, une autre chose. Le roi, qui aspire à la prospérité, doit supposer que son fils, son frère, son ami, son père lui--