Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 10, 1870.djvu/122

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cours me fait apercevoir : ta parole, Çalya, n’est point capable de m’effrayer dans une bataille. 2,015.

» Si tous les Dieux, sous les ordres d’Indra, me déclaraient la guerre, la crainte ne naîtrait pas dans mon cœur ; combien plus, quand je n’ai devantmoi que le Prithide et Kéçava ? 2,016.

» Des paroles seulement ne peuvent m’épouvanter d’aucune manière : l’homme, qui se laisserait effrayer dans le combat par ton langage, sache-le, est un autre que moi !

» Cette âpreté vigoureuse, avec laquelle tu m’as parlé, est d’un homme vil : tu es incapable de raconter mes vertus ; tu les franchis d’un saut rapide, insensé !

» Moi, Karna, je n’ai pas été, Madrakain, enfanté pour la peur ; je suis né pour le courage et pour la renommée de moi-même. 2,017-2,018-2,019.

» Grâce à ton art pour conduire[1], à ma patience[1], à l’amitié de Douryodhana, si tu vis maintenant, Çalya, c’est pour l’une de ces raisons. 2,020.

» Nous avons entrepris une affaire immense du roi Souyodana ; elle repose sur moi, et c’est pour cela que je te laisse vivre cet instant. 2,021.

» Jadis, on est convenu de supporter tes offenses ; sans un millier de Çalyas, j’aurais déjà vaincu les ennemis. 2,022.

« Tu es un mauvais ami, un homme plein d’iniquités, » dit-on : et voilà pourquoi tu vis maintenant. » 2,023.

« Ce sont là de vaines paroles, lui répondit Çalya ; tu ne dis rien sur les ennemis ; mais, sans être un millier de Karnas, il est bien possible (je vaincre les ennemis dans la bataille. » 2,024.

  1. a et b Commentaire.