Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 10, 1870.djvu/7

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cocher un trait épouvantable, pareil au Trépas, à la Mort, à Yama ! 909.

Il banda l’arc et lança son dard sur l’immense arc de ton fils ; l’arme fendit toutes ses vitesses, et, quand elle eut percé la grande cuirasse, elle entra dans le sein de la terre, sire, comme un serpent dans une fourmillière ; et le fameux héros, ton fils, sire, tomba alors dans le délire de l’esprit. 910-911.

Dès que son cocher vit ce monarque privé de connaissance, il retira du combat à la hâte son char, éperdu d’effroi, en butte aux flèches acérées. 912.

Aussitôt que le noble rejeton de Pândou eut vaincu le Kourouide, il jeta ses yeux sur l’armée de Douryodhana, qu’il brisa de tous les côtés. 913.

Il broya l’armée Kouravienne, sire, de même qu’un homme écrase avec colère des œufs de fourmis. 914.

Quand Karna le Découpeur eut arrêté avec fureur Nakoula, qui, doué de rapidité, avait dispersé l’armée par sa vitesse dans la guerre, celui-ci dit à Karna, en riant : « Il y a long-temps, certes ! que les Dieux arrêtent sur moi un regard ami ! 915-916.

» Regarde-moi, scélérat, arrivé dans le combat à la portée de tes yeux. Tu es, certes ! la racine de nos maux, de nos combats, de notre guerre ; 917.

» C’est par ta faute que les Kourouides perdus en sont venus aux mains, les uns avec les autres ; mais, quand je t’aurai immolé dans le combat, j’aurai accompli mon affaire, et je serai libre d’inquiétude. » 918.

À Nakoula, qui parlait ainsi, l’Adhirathide fit cette réponse, digne du fils d’un roi et surtout d’un homme, qui portait l’arc : 919.