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Page:Fauche - Le Mahâbhârata, tome 10, 1870.djvu/88

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« Mahéndra irrité, sa foudre à la main, ne m’inspire aucun effroi, quand je tiens mes armes et que je suis monté dans mon char. Certes ! à la vue de ces héros couchés morts, Bhîshma à leur tête, ce que j’ai de variable m’abandonne entièrement. 1,716-1,717.

» Lorsque ces deux irréprochables héros, comparables à Mahéndra et Vishnou, qui exterminaient avec les meilleurs des éléphants, des chevaux et des chars, et qui ressemblaient à des Immortels, ont succombé sous les ennemis, je ne ressens pas même à cette heure de crainte dans le combat. 1,718-1,719[1] .

» Quand je vois tant de monarques aux forces excessives, tués dans le combat par les ennemis, avec leurs cochers, leurs éléphants et leurs chars, je me demande comment ce vieillard, le plus éminent des brahmes, qui possédait la science des grands astras, n’a-t-il pas immolé dans la bataille tous les ennemis ? 1,720-1,721.

» Au souvenir de Drona, je dis une vérité dans ce grand combat ; Kourouides, écoutez ! Un autre que moi ne pourrait supporter qu’Arjouna aux formes terribles, comme la Mort, en vînt aux mains avec vous. 1,722.

» On voyait réunis en Drona l’instruction, la bienveillance, la force, la constance, les grands astras et l’humilité. Si le magnanime est tombé sous le pouvoir de la mort, je pense que tous les autres sont maintenant bien malades.

» Quel homme, déposant le doute au lever du soleil et pensant qu’il n’est rien de stable, que toute chose est unie au Destin, que c’est la science du monde, ne remettrait au

  1. Cette stance, que nous avons comptée double, comme celles, qui précède et qui suit, est numérotée 1,720 dans l’édition.