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LE MAHA-BHARATA.

s’était dépouillée de la partie supérieure, qu’elle tenait en guise de corbeille pour y mettre des fleurs. 7719.

» Cueillant des karnikâras nés sur les bords de la rivière, elle s’approchait à pas lents du lieu, où étaient assis les deux grands Asouras. 7720.

» Eux, qui avaient bu les plus riches liqueurs et de qui l’ivresse avait rougi les angles des yeux, à peine eurent-ils vu cette nymphe à la jolie taille que leur âme en fut troublée au même instant. 7721.

» Ils se lèvent, ils abandonnent leurs sièges, ils s’avancent là où se tient la jeune fille, et tous deux la sollicitent, tous deux enivrés d’amour. 7722.

» Sounda prit dans sa main la main di’oite de la nymphe aux charmants sourcils ; Oupasounda prit Tilauttamâ par la main gauche. 7728.

» Enivrés de leur force naturelle, enivrés de la grâce obtenue, enivrés de posséder tant de richesses et de pierreries, enivrés de sourâ bue, surexcités par toutes ces ivresses, ils se regardent mutuellement avec des yeux aux sourcils contractés et, tout brûlants d’ivresse et d’amour, ils s’adressent l’un à l’autre ces paroles : 7724-7725.

« Elle sera ma femme ! car je suis ton aîné, » dit Sounda.

« En ce cas, elle sera ta belle-fille, répliqua Oupasounda ; car elle sera ma femme ! » 7726.

« Non la tienne, mais la mienne ! » se renvoyaient-ils. La colère déjà leur avait saisi le cœur ; et, fascinés par sa beauté, ils avaient perdu tout sentiment d’amour fraternel et d’amitié. 7727.

» À cause d’elle, ils s’étaient armés de massues épouvantables ; égarés par l’amour, que cette nymphe leur avait inspiré, ils lèvent à la fois ces deux terribles massues.