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LE MAHA-BHARATA.

lion, qui mange, un morceau de chair, Bhishma, pris déjà entre ses dents. 1548.

» Assurément, il se rassasie aux dépens du lion, qui a faim. Les paroles que tu dis, Bhîshma, sont du même genre. 1549.

» Tu te gorges, il est sûr, aux dépens de ces rois, qui meurent de faim l Homme, de qui les actes sont exécrés dans le monde, tu n’as pas ton pareil sur la terre ! » 1550.

À peine eut-il entendu ces piquantes paroles du roi de Tchédi, Bhîshma répondit ces mots, en présence et à l’ouïe de Çiçoupâla : 1551.

« Je ne prends jamais rien sur la table de ces monarques avides ; et je fais de ces rois aussi peu de cas que d’un brin d’herbe ! » 1552.

À ce langage, tous les rois de s’écrier ; les uns de s’horripiler, ceux-là de gourmander Bhîshma. 1553.

Les autres guerriers disent à ces paroles : « C’est un méchant, un orgueilleux, un vieillard ! Ce Bhîshma ne mérite pas tant de patience ! 1554.

» Allons, princes ! qu’on immole cet insensé Bhishma comme un vil bétail ! ou brûlons tous de concert ce furieux dans un feu d’herbes sèches ! » 1555.

Le grand oncle des Kourouides entendit ces paroles, et le sage Bhîshma répondit en ces termes à ces rois de la terre ; 1556.

« Je ne suis pas encore à la fin des paroles, que j’ai commencées. Écoutez, monarques, tout ce qui me reste à dire. 1557.

» Immolez-moi comme un bétail ou brûlez-moi dans un feu d’herbes sèches, mon pied n’en aura pas moins été mis tout entier sur vos têtes ! 1558.