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LE MAHA-BHARATA.

trois fils ; elle, accoutumée à dormir en des palais, la voilà, qui dort, accablée de fatigue, sur la terre ! 5908.

» Après un tel spectacle, est-il encore possible que je voie rien de plus affligeant, moi, qui vois là ces tigres des hommes endormis sur le sol de la terre ? 5909.

» Comment ce prince, qui ne s’écarte jamais de la justice et qui mérite la monarchie des trois mondes, peut-il être couché, épuisé de lassitude, tel qu’un homme vil, sur la terre ? 5910.

» Azuré comme un nuage bleu, Arjouna, sans égal parmi les hommes, est couché, tel qu’un être abject, sur la terre : est-il rien de plus affligeant ? 5911.

» Et ces deux jumeaux, que la perfection des formes fait ressembler aux deux Açwins parmi les Dieux, les voilà qui sommeillent, comme d’ignobles sujets, sur la surface nue de la terre ? 5912.

» L’homme, à qui ne tiennent pas des parents criminels, opprobre de leur famille, peut vivre en paix dans le monde, comme l’arbre sacré, unique et révéré du village.

» Un arbre en effet, doué de fruits et de feuilles, s’il est unique au village, devient un tchaîtya vénérable, sans famille, comblé des hommages de tous. 5913-5914.

« Ceux, de qui les parents sont de nombreux héros, adonnés à la vertu, passent une vie heureuse dans le monde ; ils prospèrent, ils ont de la puissance, ils ont des biens en abondance, ils sont la joie de leurs amis et de leurs familles ; ils vivent, s’appuyant les uns sur les autres, comme des arbres nés dans une même forêt. 5915-5916.

» Nous, au contraire, exilés par le cruel Dhritarâshtra et son fils, si nous avons à grande peine échappé à l’incendie, c’est par la seule protection du Destin. 5917.