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LE MAHA-BHARATA.

Va-t-en où tu veux aller, Vidoura ! En vain flattez-vous la femme sans vertu, elle vous abandonne ! » 2131.

» L’amitié des gens, qui repoussent un homme de cette manière, est renfermée, avoue-le, sire, en d’étroites limites, répondit Vidoura. Certes ! les pensées bouleversées des rois font tuer, avec des massues, les mêmes hommes, à qui elles ont prodigué les caresses. 2132.

» Tu penses, fils de roi, n’être plus un enfant, « Suis-je donc un enfant ? » dis-tu, tête sans jugement. Celui, qui met d’abord un homme dans son amitié et qui ensuite ne voit plus en lui qu’un être dépravé, est un enfant ! 2133.

» On ne peut conduire un esprit sans réflexion au salut, de même qu’une femme sans mœurs dans la maison d’un brahme saint. Le raisonnement déplait à ce noble enfant de Bharata, comme une jeune fille n’aime pas un époux de soixante ans. 2134.

» Si tu désires n’entendre jamais dire que des choses agréables sur toutes les affaires, bonnes ou mauvaises, ne consulte que des femmes, des boiteux d’esprit, des idiots et tous êtres semblables. 2135.

» On reçoit volontiers un méchant, agréable diseur de choses très-aimables ; ne sait-il dire que des choses utiles, mais qui déplaisent, l’homme trouve difficilement un auditeur. 2136.

» L’homme, qui prenant pour son but le devoir, applique son esprit à ce qui peut servir ou desservir son maitre, et ne craint pas de porter aux oreilles des choses qui déplaisent, si elles sont utiles, est le fidèle ami du roi.

» Une parole vient du blâme ; elle vous ôte la gloire, mais elle est salutaire ; les méchants ne veulent pas boire ce breuvage nauséabond, âcre, brûlant, amer ; il ne peut